Stop Civaux
Page d'accueil
La centrale de Civaux
Chronologie
12 mai 98
Enceinte de confinement
Amibes
Rejets, déchets
Dossiers
Maintenance nucléaire
L'accident nucléaire
Tchernobyl
Communiqués Sûreté Nucléaire
Site ASN avant 2006
Site actuel de l'ASN
L'association
Présentation
Publications
Nos signets
La page de liens

L'OMS et les responsabilité occidentales dans les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl



Cet article est un résumé sommaire du passionant Responsabilités occidentales dans les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl, en Biélorussie, Ukraine et Russie, par Bella Belbéoch, dans Radioprotection et droit nucléaire, éditions Georg, 1998, sous la direction de Ivo Rens et Joel Jakubec, isbn 2-8257-0580-2.


Les occidentaux en général, et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en particulier, ont joué, et jouent encore, un large rôle depuis le début de la catastrophe de Tchernobyl, et ils partagent une lourde responsabilité avec les responsables soviétiques concernant les conséquences sanitaires de cette catastrophe. De plus, le "travail" effectué sert aujourd'hui de référence pour la gestion des futures catastrophes nucléaires, et il est craindre que nous en payions tous un jour la facture.

Explications : En août 1986, les experts soviétiques estiment que le nombres de morts par cancers radio-induits pour les 70 ans à venir devrait être de 30 000 à 40 000 pour la partie européenne de l'URSS (source : rapport à l'AIEA à Vienne). Les experts occidentaux contestent l'estimation et l'AIEA bloque le rapport.

Fin 1988, la dégradation de l'état de santé (surtout pour les enfants) est évidente et l'on assiste à des manifestations de rues. Le pouvoir central soviétique décide alors de nouvelles évacuations : seront évacuées les populations dont la dose calculée est supérieure à 35 rem sur 70 ans (soit 350 mSv/70 ans, ou encore 5 mSv/an pendant 70 ans). Les scientifiques ukrainiens et biélorusses contestent cette valeur et demandent une dose-vie limite de 7-10 rems (soit de 1 à 1, 4 mSv/an pendant 70 ans). Cette dernière valeur, si elle avait été adoptée, aurait conduit à l'évacuation d'environ un million de personnes.

Un débat a eu lieu en mars 1989 à Minsk, à l'Académie des Sciences de Biélorussie. Y étaient invités trois membres de l'OMS, dont le Pr Pellerin, directeur du Service Cenrtal de Protection contre les Rayonnements Ionisants (SCPRI), celui-là même qui arrêta le nuage aux frontières de notre beau pays. Dans leur rapport (publié en juillet 89), les envoyés de l'OMS déclarent que la valeur de 35 rem-vie est "conservative", et qu'eux-mêmes auraient préconisé une "limite de dose de deux ou trois fois 35 rem". Le rapport dénigre également les scientifiques contestataires : "Les scientifiques insuffisamment compétents dans le domaine des effets des radiations assimilent l'ensemble des différentes perturbations biologiques et médicales observées au seul effet des radiations". Nos experts, eux, estiment que la plupart des effets sont dus à des facteurs psychologiques.

En octobre 1989, l'URSS demande à l'AIEA d'organiser une expertise internationale. À celle-ci participeront, outre les soviétiques, 200 experts de 25 pays représentant entre autres l'AIEA, l'UNSCEAR, l'OMS, la FAO, la Commissioin des Communautés Européennes. Le rapport final, qui s'appuie sur le rapport OMS de juillet 89, est publié en 1991 et il est sans appel : "Les rayonnements n'ont eu aucun effet sur la santé de la population, telle a été la conclusion des experts. Les doses de rayonnement tant externe qu'interne ont été surestimées par les autorités sovétiques". La dose-vie de 35 rem y est jugée excessivement conservative, ainsi que les mesures concernant les restrictions alimentaires. Ainsi soit-il. Face à un tel arbitrage, les Ukrainiens et Biélorusses n'ont eu qu'à s'effacer.

Depuis, la Commission Internationale de Radioprotection (CIPR) a beaucoup travaillé pour élaborer de nouveaux modèles pour la gestion sociale des crises nucléaires. Y ont été introduits des paramètres économiques puisque cette gestion ne pouvait se faire uniquement sur des critères sanitaires, et de nouvelles recommandations ont été publiées. Aujourd'hui, si une catastrophe nucléaire arrivait en Europe, il y aurait évacuation définitive et relogement pour une dose-vie limite de 100 rem (1 Sv), mais il est ajouté (publication CIPR 63 de 1992) qu'après un accident très sévère, cette dose pourrait même être supérieure... Les recommandations du Pr Pellerin à Minsk en 1989 nous reviennent en boomerang !!!

En conclusion, nous reprendrons la fin de l'article de Bella Belbéoch, article sus-cité en référence :

Quand on examine les interventions des experts occidentaux dans la gestion des conséquences de la catatrophe de Tchernobyl, on voit clairement qu'ils ont apporté un soutien sans réserve au pouvoir central soviétique et à ses experts scientifiques, au détriment de la santé de la population. Cette action de nos experts n'a guère soulevé de critiques ni dans la communauté scientifique, ni dans les corps intermédiaires (corps médical, syndicats, associations) ni dans les médias.

Notre responsabilité dans les conséquences de l'accident de Tchernobyl est donc entière. De plus, l'action de nos experts a permis d'introduire, à partir de l'expérience de Tchernobyl, des critères strictement économiques pour la gestion des crises futures qui seront redoutables pour les accidents nucléaires dont on ne peut exclure la possibilité chez nous.

automne 2000, Stop Civaux

 


Contact STOP-Civaux
Adresse : 20, route de Bonneuil Matours, 86000 POITIERS
tél/fax : 05 49 30 13 29
courriel : stopcivaux (at) free (point) fr
adhésion à l'association : 9 Euros/an
abonnement au journal : 9 Euros/an (4 à 5 numéros)