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La catastrophe sanitaire



Cet entretien avec Vassili Nesterenko est extrait de l'ouvrage Le crime de Tchernobyl, éditions Actes Sud, 2006, de Wladimir Tchertkoff, isbn 2-7427-6042-3.


Le cancer de la thyroïde, le cancer du sein, le diabète, le sida nucléaire

V. Nesterenko -- Je travaille depuis quarante ans dans l'industrie atomique et je m'occupe à plein temps de radioprotection depuis 1990, en collaboration avec des médecins. Aujourd'hui, le monde entier l'a reconnu : si dix ou quinze ans avant Tchernobyl on ne relevait en Biélorussie que 2 ou 3 cas de cancer de la thyroïde chez l'enfant, aujourd'hui, en 1998, 920 enfants ont déjà été opérés. C'est à dire qu'aujourd'uhi en Biélorussie il y a davantage d'enfants malade du cancer de la thyroïde que dans le reste du monde. Ce phénomène est apparu très tôt. Chaque année, de 80 à 100 nouveaux cas de cancer de la thyroïde chez l'enfant se manifestent en Biélorussie et on n'observe pas de diminution. En douze ans les enfants ont grandi et dans le groupe des adultes ce nombre de malades a également augmenté. Aujourd'hui, en 1998 -- je connais ces chiffres -- plus de 3000 adultes ont déjà été opérés du cancer de la thyroïde.

La deuxième place est occupée par le cancer du sein chez la femme. Ce phénomène avait déjà été observé à Tcheliabinsk, maintenant on l'observe ici, en Biélorussie. Le diabète de l'enfant est devenu bien plus fréquent, en particulier dans la région de Gomel. Il est très important de souligner que les radiations affectent le système immunitaire dans son ensemble. Et il ne s'agit pas seulement de l'action des isotopes de courte période des premiers jours, il s'agit surtout du fait que depuis toute ces années les habitants continuent de consommer des produits contaminés par les radionucléides à longue période de vie. L'organisme n'est plus en mesure de lutter contre les infections. C'est en somme un sida nucléaire.

Les yeux

Prenons par exemple le village de Svetilovitchi, qui se trouve à 80 km de Gomel. Il est à environ 180 km de la centrale de Tchernobyl. Les enfants de ce village révèlent en moyenne une accumulation de 150-200 Becquerels par kilo du poids de leur corps. Mais il y a des enfants qui ont plus de 2000 Bq/kg. Ces enfants ont été examinés par des médecins : 23 % des enfants du village ont une cataracte ou une baisse de la vue causées par l'irradiation. L'examen de l'état de la vue de 661 enfants de la région de Vetka a montré que 48 % d'enfants ont une cataracte et nécessitent des soins spéciaux.

Le coeur

Quand le césium radioactif pénètre dans l'organisme à travers le produits alimentaires, il se substitue au potassium, et se loge entre autres dans le muscle cardiaque. La conductivité électrique du myocarde s'altère. Dans ce même village de Svetilotchi, plus de 84 % des enafnts souffrent d'arythmie. Ce sont malheureusement des candidats à l'infarctus sans compter qu'ils ont, dès maintenant, des problèmes cardiaques.

La tension artérielle

Presque la moitié des enfants souffrent d'une forte altération du système cardio-vasculaire causée par l'accumulation constatnte de radionucléaides dans leur corps. En général ils ont une tension artérielle trop élevée. Où a-t-on vu des enfants de 13-15 ans avec une tension de 18-19 cm/Hg ? C'est ce que nous observons malheureusement.

L'appareil digestif, les ferments

Les médecins ont observé en gastroscopie le système gastro-intestinal des enfants pour voir ce qu'il en était de l'oesophage, de l'estomac, du duodénum. Ils ont constaté que 80 % des enfants ont une gastrite ou même un ulcère à l'estomac. On observe que la muqueuse de l'estomac, même chez les enfants de 12-15 ans, s'atrophie rapidement et prend l'aspect qu'elle aurait eu à 70 ans. Sous l'action de la radioactivité, l'organisme se consume rapidement. Ce sont de futurs grands malades qui souffrent dès aujourd'hui.

-- Vous aussi vous avez ce problème ?

-- Oui, c'est la cas de la plupart des liquidateus. Des études comme celles de la professeur Bourlakova de Moscou, par exemple, ont montré une qugmentation très importante du nombre de cancers de l'appareil digestif ainsi qu'une perte de ferments. C'est une caractéristique de sliquidateurs. Je souffre moi aussi de cette carence, si bien que je ne sais plus ce qu'est une pomme, ce qu'est un concombre, une tomate... les doigts d'une main me suffisent pour énumérer ce que je peux manger. Je vis comme ça deouis 1986, je m'y suis habitué.

La leucémie

Les personnes qui se trouvaient sur place et ont été fortement irradiées ont eu une leucémie dès les premiers jours. C'était prévu. Nous devons nous attendre à des leucémies pour une autre raison. Il n'y a pas eu que le césium, dont nous parlons, qui s'est répandu sur le territoire. Il y a eu beaucoup de retombées de strontium. Quand le strontium pénètre dans l'organisme -- c'est un équivalent chimique du calcium -- il se dirige vers les os et pénètre la moelle osseuse, siège de notre système hématopoïétique. Malheureusement il y a déjà des cas de leucémie en Biélorussie. Nous en sommes au moment où elle commence à se développer.

La fertilité, le placenta

Encore un fait également vérifié par les médecins. J'ai écouté en décembre 1997 le rapport des gynécologues à la conférence annuelle de l'institut de médecine de Gomel du professeu Bandjevsky. On le sait, le placenta de la femme enceinte protège l'enfant des métaux lourds : il les capture. Il capture aussi, naturellement, le césium radioactif, mais la nature n'a pas prévu que ce métal capturé émettrait des ondes gamma. C'est ainsi que le foetus est irradié, la grossesse retardée, que des problèmes surgissent au cours de l'accouchement et, ce qui est particulièrement grave, l'enfant va connaître des difficultés au cours de sa croissance. C'est ce qu nos médecins on vérifié expérimentalement à Gomel. Ces médecins ont examinés environ 250 jeunes filles de la ville de Gomel, âgées de 18 à 23 ans. L'accumulation permanente d'éléments radioactifs dans le corps par ingestion d'aliments contaminés a causé des lésions à leurs organes génitaux; 20 % de ces jeunes filles ne pourront jamais être mères.

Le cerveau

Le professeur Kondrachenko a effectu pendant dix ans un suivi psychologique d'enfants vivant dans la zone contaminée par Tchernobyl. Voilà ce qu'il a établi : 42 % des enfants de cette zone ont eu un retard de trois-quatre ans dans leur développement psychologique, qui évolue malheureusement vers un retard mental; 6000 enafnts sont nés retardés mentaux. C'est leur cerveau qui est atteint. Le journal Izvestia a relaté récemment que 600 personnes se sont déjà adressées à l'hopital psychiatrique de Kiev : "Aidez-nous. Nous ne pouvons plus lire, nous n'arrivons plus à compter l'argent." J'en ai discuté ensuite avec les médecins de l'institu psychiatrique, qui expliquent ce phénomène par le mécanisme suivant : quand les radionucléides pénètrent dans les tissus du cerveau, le système immunitaire perçoit ces tissus comme des corps étrangers et il se met à les combattre, il les dévore tout simplement. Le professeur Kondrachenko pense que si on n'entreprend rien, si on ne fournit pas des aliments propres et une radioprotection aux enfants, d'ici trois ou quatre générations, plus personne ne sera capable de suivre des études supérieures en Biélorussie. C'est ce qu'il a publié.


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