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La CLI de Civaux noie le poison



La Commission locale d'Information du 26.XI.02 fut tellement soporifique que malgré les échos de la manifestation à l'extérieur de la Préfecture, certains se sont endormis.

Au menu : compte-rendu fleuve du fonctionnement idéal de la centrale par son directeur, projection de 2 films sur l'utilisation médicale d'isotopes radioactifs* par le responsable du service de médecine nucléaire au CHU, voilà de quoi reléguer ce qui fait problème à Civaux au temps des questions, et encore. Au bout de 5 minutes d'intervention nous nous sommes vus signifier que nous mobilisions indûment la parole !

* Nous retiendrons les propos de la CGT qui a attiré l'attention sur les problèmes de sous-traitance :

- La quasi totalité des interventions lors des arrêts de tranche est assurée par des entreprises extérieures d'où une perte de maîtrise du personnel EDF sur ses propres installations.

- Le bilan dosimétrique de l'arrêt de tranche a beau satisfaire la direction, il doit être nuancé par le fait que les contrôles de radioactivité en sortie de zone contrôlée sont effectués par des entreprises sous-traitantes, les mêmes que celles qui emploient les intérimaires. Qu'en attendre ? De plus par crainte de se retrouver au chômage lorsque que les doses qu'ils ont reçues avoisinent les limites, les employés sont tentés de sous-déclarer leur exposition.

* Stop-Civaux et l'UFC-86 avaient demandé cette réunion afin que fût mise en priorité à l'ordre du jour (mais en vain) une série d'incidents signalés tardivement par l'Autorité de Sûreté en 2002 et qui, par leur nature, paraissaient mériter toute notre attention. Ces incidents évoqués dans notre précédent bulletin concernent à la fois les procédures d'exploitation et les rejets radioactifs.

Rappelons d'abord les faits.

- Le 7 janvier 2002 au redémarrage de la tranche 1, il y a eu échec du couplage de la tranche au réseau. (Gare au redémarrage de la tranche 2 en 2003). Le dépannage tourne mal et entraîne une série de problèmes qui conduisent à la perte des pompes primaire, à l'arrêt automatique du réacteur et au démarrage de l'injection de sécurité.

- Le 16 mars, au moment du raccordement de la tranche 2 au réseau, la montée en puissance s'est effectuée trop vite, le risque étant une dégradation de la gaine des barres de combustible. Ce réacteur a connu en mars deux autres arrêts automatiques qui laissent supposer qu'il a connu d'autres ennuis jamais évoqués.

- Le 5 septembre, la tranche 1 fait un essai de démarrage d'un diesel de secours. Il s'ensuit un démarrage intempestif d'une pompe, qui mal géré, a conduit à une pressurisation excessive d'une ligne d'aspiration de la pompe qui aurait pu être endommagée**.

Le couplage d'une tranche au réseau est une opération particu-lièrement délicate, certes. Un redémarrage de diesel de secours aussi. Mais puisque le risque est connu, vigilance et respect des consignes ne sont-ils pas de mise ? Car c'est bien sur la teneur du commentaire de l'Autorité de Sûreté, dans ses communiqués publiés 6 mois ou plus après les incidents, que nous voulions attirer l'attention des membres de la CLI :

- Pour le 7 janvier l'analyse de l'incident publiée par l'Autorité de Sûreté (le 9 août 20032 !) met en question "l'accumulation d'erreurs humaines", "l'évaluation incomplète des enjeux de sûreté", "le manque de coordination des tâches" et des "écarts dans le processus d'assurance qualité"*** C'était une opération de routine mais que se passera-t-il lorsque les équipes se trouveront non pas dans des situations délicates courantes mais seront confrontées -comme ce fut le cas à Blayais- à la conjonction d'événements extérieurs imprévus, difficiles à gérer et qu'on ne peut exclure (perte d'alimentation électrique due à un orage ou une tempête, inondation, etc...) ? Qui peut garantir qu'elles sauront quoi faire ?

- Le 16 mars, l'incident sur la tranche 2 (emballement de la réaction), a pour origine " le choix fait par les agents de conduite de s'affranchir de certaines dispositions prévues dans deux consignes d'exploitation du réacteur". Là encore, questions sans réponse : Quelle a été l'incidence de ce non respect des procédures ? Les gaines de combustible ont-elles souffert? L'incident est-il à l'origine du changement des sondes de température du circuit primaire ?

- Pour le 5 septembre, alors que l'ASN attribue l'incident au fait que les opérateurs ont "privilégié le maintien de la production du réacteur" plutôt que le respect de la consigne, nous nous sommes entendus répondre qu'il s'agissait d'un incident générique !

Un arrêt de la production aurait-il fait tache dans le tableau d'exploitation ? Y a-t-il des objectifs de rendement imposés ? S'agit-il de limiter le nombre des arrêts d'urgence sachant que la centrale en compte déjà beaucoup? ENFIN, ET C'EST CE QUI EST LE PLUS PREOCCUPANT, À QUOI SERVENT LES NORMES DE SURETE SI ON PEUT S'EN AFFRANCHIR IMPUNEMENT?

Des incidents d'autre nature ont été signalés. Ils concernent les rejets d'effluents radioactifs :

- 7 janvier : Que veut dire l'ASN quand elle parle (avec tant de précautions) pour le 7 janvier " d'écarts dans le processus d'assurance qualité" ? Est-ce à dire que des rejets ont eu lieu quand les équipes ont du intervenir pour le redémarrage ? Quelles en sont la cause, la nature et l'activité ? Est-ce à mettre en relation avec le grand nombre de dysfonctionnements ayant affecté la ventilation de l'enceinte depuis décembre ? Et si tel est le cas, pourquoi la direction interrogée lors de la CLI du 28 février n'a-t-elle pas donné les explications attendues ?

- D'après une note d'inspection d'avril, il y aurait eu "mauvaise maîtrise des rejets dans l'environnement", avec une discordance entre les données d'un appareil de mesure de rejet du tritium dans la rivière et les calculs qui faisaient apparaître une sous-estimation par l'appareil. Depuis combien de temps durait cette anomalie ?

Si nous nous posons la question, c'est que le parc nucléaire français compte 58 réacteurs EDF et bien d'autres établissements de la même famille. ALORS SI LES REJETS SONT AINSI SOUS-EVALUES, N'EST-IL PAS URGENT DE RECONSIDERER L'IMPACT DES ETABLISSEMENTS NUCLEAIRES SUR L'ENVI-RONNEMENT ET LA SANTE ?

- Le 22 mai, l'ASN relève avec délicatesse "une incohérence" entre des chiffres d'une analyse concernant les iodes 131 et 133 sur un échantillon du 16 juin et les chiffres reportés sur la fiche de synthèse. Nous souhaitions des explications que nous n'avons pas obtenues. Est-ce une pratique courante que les chiffres reportés soient différents des données des analyses ?

Enfin, il faut noter que cette "incohérence" a été relevée à l'occasion d'une visite inopinée de l'inspection des installations nucléaires. Que se passe-t-il quand le gendarme n'est pas là ? Etant donné que les rejets font l'objet d'une autosurveillance, on est en droit de se poser la question .

décembre 2002, Stop-Civaux

 


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