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Les écuries d'Augias



Si l'industrie nucléaire a totalement perdu la cote aux Etats-Unis, c'est que le pays qui a fait le premier l'expérience du nucléaire, militaire et civil, se trouve confronté à la tâche herculéenne d'effacer les traces de la guerre froide, de démanteler ses installations militaires et civiles, d'inventorier ses sites contaminés, de stocker des montagnes de déchets. Les Etats-Unis font avant nous à grande échelle une prise de conscience de l'ampleur monumentale de la tâche et de ses implications en matière de pollution et financières.

Voici quelques nouvelles en vrac dont les implications pour notre pays ne nous échapperons pas.

Ici et ailleurs = partout.

La compagnie, Maine Yankee, vient de trancher. Elle n'enterrera pas sur place les centaines de milliers de m3 que représente le démantèlement de sa centrale. oute information est bienvenue. On fait passer. On peut consulter USA Today sur Internet : www.usatoday.com Nous tenons les articles, comme toutes nos sources, à votre disposition..

Décontamination impossible ?

Un rapport de l'Académie des Sciences américaine signalait en août dernier que plus des deux -tiers des sites fédéraux dédiés à la fabrication d'armement nucléaire ne pourraient jamais être totalement décontaminés. Il s'agit de laboratoires de recherches, sites d'essais et d'usines de fabrication dont le DOE reconnaît qu'ils ne pourront jamais être réutilisés et nécessiteront une surveillance à long terme. (Las Vegas sun, 08/08/2000) A Oak Ridge par exemple, des tranchées et des puits de stockage anciens (contenant du technétium 99, du plutonium, du thorium…) contaminent les eaux souterraines. Les déchets vont être excavés et transportés sur une autre décharge à quelques miles de là. Dérisoire effort -bien que nécessaire- pour empêcher ces déchets de nuire. (The Tennessean, 15/09/2000)

Les feux de l'été, fatalité ou pas ?

Los Alamos, Nouveau Mexique. INEEL, Idaho. Hanford, Washington. Ces lieux ont plusieurs points communs. Ce sont des sites de recherche nucléaire qui recèlent des stockages plus ou moins bien contrôlés de déchets radioactifs et chimiques. Des déchets liquides y ont souvent été injectés dans le sol. Dernier point commun : ils ont été ravagés par des incendies au cours de l'été. Après avoir nié toute contamination, les autorités font état de nouvelles données sur une contamination en produits radioactifs à la suite des incendies dont les panaches de fumée se sont transportés très loin des sites. A Los Alamos, la crainte a été de voir les pluies orageuses lessiver les substances toxiques sur les sols privés de végétation et de les voir transporter rapidement vers le Rio Grande, source d'approvisionnement en eau, rare dans ces contrées. Des travaux de terrassement énormes ont été entrepris pour endiguer l'érosion. A Hanford, le site le plus contaminé des Etats-Unis, les pompiers qui le voulaient ont subi Elle les fera transporter par Envirocare, une firme qui prend en charge des déchets nucléaires et a négocié un accord avec un petit groupe d'Indiens en Utah pour stocker des déchets radioactifs sur un coin de leur réserve. Cela coûte plus cher mais les habitants du Maine sont contents. Dans l'Utah, ils le sont moins. L'acceptation par quelques personnes des déchets condamne l'ensemble de la population à assumer les risques. L'Utah est aussi destiné à recevoir le surplus de combustibles usés que les exploitants ne peuvent plus stocker sur leurs sites, temporairement il est vrai, tant que le site d'enfouissement prévu à Yucca Mountain est bloqué par le véto de Clinton. Mais quand s'arrête le temporaire ?

Poisoned workers, Poisoned places.

Personnel empoisonné, sites empoisonnés. Tel est le titre d'une enquête qui fait grand bruit et vient d'être publiée par le quotidien américain USA Today (6, 7 et 8 septembre 2000).

Si l'on connaît parfaitement l'emplacement des usines d'armement fédérales (dispersées sur 27 des 50 états), la contribution de plusieurs centaines d'entreprises privées sous-traitantes à la production d'armement nucléaire dans les années 40 et 50 a été jusque là tenue secrète.

L'enquête menée pendant 10 mois par le quotidien a porté sur plus de 100 000 pages de documents déclassifiés, des sites ont été visités et d'anciens employés interviewés. La base de données constituée et la révélation de la localisation de 150 usines a semé grand émoi. Le Ministère de l'Energie (DOE) vient d'admettre que le double, 300 sites au moins, sont concernés ; il s'engage à révéler leurs noms. Des enquêtes pourront être menées sur la pollution environnementale de ces entreprises souvent désaffectées aujourd'hui mais qui ont largué dans l'environnement d'énormes quantités de matériaux radioactifs à l'insu des communautés environnantes qui ignoraient leur activité militaire.

Le journal révèle aussi que, bien que les risques d'exposition des employés aient été connus des exploitants, ceux-ci n'ont jamais rien dit. Des mesures de protection qui auraient pu être prises ne l'ont pas été en raison des coûts.

Dans des aciéries, on travaillait des métaux radioactifs ou dangereux (uranium, beryllium) dont les poussières toxiques ont été inhalées et contaminent toujours les sites. Dans les usines chimiques, comme celle de Monsanto (avant les OGM et l'agro-alimentaire…) à Dayton, les analyses d'urine menées sur les employés montraient des taux record de polonium par exemple. Ailleurs, où l'on produisait du hafnium et du zirconium, c'étaient des canalisations qui conduisaient à la rivière des centaines de milliers de litres de thiocyanate d'ammonium.

Cette enquête passionnante dérange beaucoup les politiques des états concernés. Elle sort au moment où la législation américaine réfléchit sur l'indemnisation des maladies professionnelles dans les usines fédérales d'armement. Elle n'avait pas envisagé l'indemnisation des dizaines de milliers de travailleurs des entreprises sous-traitantes. Vu le secret tenu pendant près de 50 ans, beaucoup de ces employés ne verront jamais leur maladie reconnue puisqu'ils sont morts aujourd'hui.

L'impact environnemental de ces activités secrètes rappelle bien sûr la découverte récente des activités qui avaient lieu sur le site du fort de Vaujours. Gageons qu'en France, une enquête amènerait des surprises sur la localisation de sites contaminés sans publicité par des matières radioactives dont l'inventaire est indispensable. Tdes tests de détection pour le strontium. Mais c'est surtout du plutonium qui a été retrouvé dans les échantillons d'air prélevés après l'incendie. Quant à San Francisco, Californie, c'est une décharge où le feu couve depuis un mois sans qu'on sache pourquoi, ni ce qu'il y a dedans. On sait seulement que les terrains appartiennent à la marine américaine et que la ville espère y installer des maisons et des entreprises. De quoi se demander si le hasard y est pour quelque chose.

septembre 2000, Stop Civaux

 


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