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Compte rendu de Stop-Civaux

Soirée sur la sous-traitance de la maintenance nucléaire



Mardi 23 mai 2001

Annie Thébaud-Mony, sociologue, directeur de recherche à l'INSERM, spécialiste des questions de travail et de santé publique est intervenue à l'invitation de l'association STOP-CIVAUX sur les problèmes de sous-traitance et de servitudes dans l'industrie nucléaire.

Devant une centaine de personnes réunies à la MJC Aliénor d'Aquitaine, elle a développé les tenants et les aboutissants du recours massif à une main d'oeuvre extérieure pour accomplir les tâches les plus ingrates exposées aux rayonnements ionisants.

Ces tâches de maintenance des installations nucléaires, comme celles en cours actuellement sur la tranche 1 de Civaux, sont très coûteuses en doses d'irradiation - et elles le sont d'autant plus que les installations vieillissent. Elles ont été progressivement confiées à des prestataires extérieurs à EDF, pratiquant souvent une sous-traitance en cascade qui conduit les travailleurs à exercer dans des conditions extrêmement précaires sur le plan sanitaire, psychologique et social. Le risque de contamination externe et interne, les exigences de mobilité d'un chantier à l'autre sur l'ensemble du territoire français, la flexibilité extrême du travail, le peu de fiabilité de la dosimétrie, l'impossibilité d'un suivi médical sérieux et la non reconnaissance des qualifications professionnelles sont autant de caractéristiques de cette catégorie d'intervenants qui assurent dans la plus grande invisibilité sociale une responsabilité de prévention du risque majeur.

Madame Thébaud-Mony a aussi montré comment le recours à la sous-traitance permettait à l'industrie nucléaire de se débarrasser à bon compte du poids social de ce travail en externalisant les coûts des accidents du travail, des maladies professionnelles, et de la saisonnalité des tâches. Le risque de revendication sociale est aussi externalisé, puisque cette main d'oeuvre n'est pas syndicalement représentée sur les lieux multiples de son travail.

Il est préoccupant de constater que cette précarisation sanitaire et sociale des intervenants extérieurs va de pair avec une précarisation de la sûreté des installations. Les arrêts de tranche réduits au minimum pour des raisons de rentabilité sont la cause d'accidents du travail de plus en plus nombreux. Enfin, la connaissance intime des installations et de leurs dysfonctionnements n'est plus dans les mains de ceux qui les font fonctionner. La mémoire des faiblesses des outils de travail est dispersée aux quatre vents, au risque d'une interprétation erronée des incidents qui peuvent survenir.

Malgré ses conditions de travail difficiles et au risque de sa propre santé, cette catégorie de personnel assure avec conscience une responsabilité qui devrait incomber au service public, sans en avoir pour autant de reconnaissance professionnelle.

En un mot, Madame Thébaud-Mony a démonté les enjeux économiques et sanitaires complexes de la sous-traitance, quelque chose que l'on pourrait avec raison appeler le "coût humain" caché du kilowatt.

23 mai 2001, Stop Civaux

 


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