Civaux 1 : arrêt de tranche

L'épreuve d'enceinte réalisée début juin a été la grosse fausse note du bilan satisfait présenté jusqu'alors. Le 11 juin, un communiqué annonçait que l'enceinte interne soumise à une pression de 5,3 bars, présentait un taux de fuite supérieur à la limite réglementaire (2,7% au lieu de 1-1,5% par jour de la masse d'air contenue dans l'enceinte). L'événement a été classé niveau 1 de l'échelle INES. EDF a annonçé qu'un plan de remédiation serait présenté à l'Autorité de sûreté. Les travaux nécessaires vont prolonger l'arrêt de la tranche pendant une durée indéterminée mais longue. On parle de novembre ou décembre.

Le CNPE atténue la portée de ce défaut préoccupant en disant que « plusieurs centrales ont déjà rencontré ce type de problème » , et que « le béton est vivant » et « évolue surtout dans les dix premières années. C'est un phénomène connu ».(NR, 23/06/2001) ce qui est vrai mais pas vraiment rassurant et tranche singulièrement avec le discours rituel sur la sacro-sainte fiabilité des trois barrières de confinement offert aux visiteurs....

Aucune centrale n'est aussi jeune que Civaux. La tranche 1 n'a fonctionné guère plus de 18 mois en durée cumulée depuis ses premiers kilowatts. Lors de la première épreuve d'enceinte datant, il est vrai de 1993, le réacteur était vanté comme ayant le taux de fuite le plus bas de France (0,38%). Il est aujourd'hui 7 à 8 fois supérieur.

Voilà Civaux atteinte de vieillissement précoce pour un autre de ses organes sensibles et qu'on ne peut remplacer, la fameuse 3è barrière de protection.

Le taux de fuite a beaucoup augmenté mais le taux initial était-il fiable ? Et quelle réalité recouvre le taux annoncé de 2,7% ? Qu'en est-il respectivement du taux de fuite indirecte (vers l'espace entre les deux enceintes) et du taux de fuite directe (vers l'extérieur, par le biais des traversées d' enceinte) ?

Les défauts tels qu'ils ont été présentés par EDF seraient localisés autour du sas matériel et sur le pourtour de la base de l'enceinte sans que soit réellement avancée une explication de cette perte d'étanchéité. Seul un problème de liaison métal-béton a été évoqué (l'enceinte est en béton précontraint et contient des armatures métalliques). Mais on peut imaginer d'autres causes, économiques autant que techniques : porosité due aux composants du béton, déformation due au poids de l'installation, aux vibrations, mouvements du sol, radier allégé ou ayant bougé (n'a-t-on pas changé le sens du bâtiment réacteur pour des raisons de stabilité ?)

Dans son rapport 2000, l'Autorité de Sûreté évoquait déjà les fissuration trouvées d'abord à Flamanville 1 puis ailleurs, au cours des visites décennales, sur de nombreuses enceintes. Des fissurations se produisent en des points particuliers tels que le pourtour des sas matériel et la jonction entre l'enceinte et le radier. (Le scénario qui se produit ici était déjà écrit). Ce vieillissement accéléré n'avait pas été prévu à la conception. Civaux aurait le taux de fuite le plus important du parc nucléaire. d'après un schéma EDF Il est vrai que la centrale a toutes sortes de fuites dans les idées. Quant au remède envisagé, un revêtement de résine qui sera appliqué sur les zones où le béton est le moins étanche (2200 m2, soit 25% de la surface, un record national), il fait fureur dans les centrales en ce moment mais ce rafistolage après coup (avant mise en service industrielle, un comble), n'est-il pas un pis-aller cosmétique collé sur un problème qui, d'après les zones de moindre étanchéité repérées, serait beaucoup plus structurel que superficiel ?

29 juin 2001, Stop Civaux