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Civaux : rejets radioactifs liquides
Avec eux commence une pollution chronique de l’environnement.
D’où viennent-ils ?
Vous avez-dit « étanche » ?L’étanchéité des canalisations qui emmènent les effluents doit être vérifiée. Pas facile quand elles sont souterraines d’où les risques de contamination possible des sols et de la nappe phréatique sous-jacente.
VolumesPar exemple en 2004 pour Civaux : 13 080 m^3 pour les réservoirs T (effluents radioactifs) et 81 342 m^3 pour les réservoirs Ex (effluents « éventuellement » radioactifs) Mais plus que le volume, c’est leur nature, et leur (radio)activité qui sont nocives :
Qui sont-ils ?
Où vont-ils ?
Les autorisationsIl prévoit les capacités minimales de stockage des effluents radioactifs qui sont recueillis en fonction de leur nature, dans des réservoirs spécifiques. En effet, les rejets primaires doivent être stockés après filtrage censé retenir les particules radioactives solides, puis ils sont « traités » par brassage et évaporation, pour récupération des produits volatils, et décroissance. Les eaux d’exhaure de la salle des machines (purges et fuites du circuit secondaire hors GV) sont collectées et doivent aussi faire l’objet d’un contrôle avant rejet. L’arrêté fixe les conditions de débit de la rivière, les flux des rejets et les concentrations à ne pas dépasser en produits chimiques et radioactifs. Les rejets ne peuvent être effectués dans la Vienne que lorsque son débit est compris entre 27 et 350m3/s, (des dérogations peuvent être accordées entre 20 et 27m3/s et entre 350 et 400m3/s.) Après mélange à l’eau de la Vienne, l’activité volumique ajoutée dans l’environnement ne doit en aucun cas dépasser,
Pour comparaison : (chiffres EDF)
Les rejets hors tritium représentent une fraction de la limite autorisée. Alors pourquoi des autorisations aussi élevées ? Pour inclure les rejets en cas d’accident ? Le tritium pour lequel l’autorisation est énorme, dépassera sans doute en 2005 la moitié de la limite autorisée!
Le cas du tritiumCet isotope de l’hydrogène (3H) est produit au sein du réacteur par l’action des neutrons sur les produits utilisés pour contrôler la réaction (bore, lithine). Il est produit en grande quantité et rien ne l’arrête, d’où la hauteur des autorisations de rejet ! Il est banalisé par les exploitants alors que la plupart des experts sont aujourd’hui d’accord pour dire que sa toxicité est sous-estimée. Le choix d’EDF d’exploiter la plupart de ses réacteurs en suivi de charge « chahute » non seulement le matériel (>Rapport Bataille-Birraux sur la durée de vie des centrales), mais il est aussi responsable d’une production accrue de tritium qui doit être purgé pour ne pas contrarier la réaction nucléaire. Le palier N4 et Civaux en particulier, semble battre des records en la matière, sans explication satisfaisante. D’après le CNPE, le volume de tritium rejeté devrait encore augmenter à l’avenir du fait de quantité stockées depuis 2000. Au fait, pourquoi ? Que s’est-il passé en 2000 ? Lors de l’enquête d’utilité publique (1982), EDF affirmait : « Le rejet de tritium dans la Vienne ne sera pas un goulot d’étranglement à l’exploitation de la centrale ». Le rapport sur l’environnement en 2004 est moins optimiste : « la concentration tritium ... est de plus en plus le facteur limitant le débit de rejet des bâches. » D’autre part, si Civaux opte un jour pour un séjour plus long du combustible dans le coeur, le tritium sera produit en quantité plus grande, puisque les concentrations en acide borique et en lithium augmenteront. Le problème n’a pas fini de se poser. Il a des conséquences directes sur la qualité de l’eau consommée. Il faut signaler que l’arrêté de 1997 fixe des limites à ne pas dépasser mais il précise qu’en dessous de celles-ci, l’exploitant doit prendre « toutes les dispositions pour maintenir l’activité des effluents radioactifs liquides rejetés, ainsi que la quantité de substances chimiques associées, aussi basses que possible » (art.2). Une recommandation qu’EDF dans son souci de productivité ignore royalement.
Quel impact sur l’environnement ?La Vienne reçoit, pendant les périodes de rejets, une activité croissante en tritium (et pas seulement cela). Or son eau est consommée par certaines communautés. La limite sanitaire de 100Bq de tritium par litre d’eau de boisson n’est, en principe, pas dépassée par EDF qui est censé rester en dessous de 80 Bq/l. Est-ce que cela veut dire pour autant que boire une eau qui en contient quelques dizaines de Bq/l est sans danger ? Quid des nourrissons, des femmes enceintes ?
D’autre part EDF est tenu de veiller à l’étalonnage de ses appareils de mesure et aux conditions de débit ce qui n’a pas toujours été le cas à Civaux, à Chooz ou ailleurs. C’est pourquoi Stop-Civaux souhaite que des contrôles indépendants soient faits sur l’eau de la rivière et du robinet en période de rejets. Enfin, des captages existent dans des nappes phréatiques qui sont à certaines périodes en communication avec la Vienne. Une contamination de ces nappes par le tritium est possible. Des exemples existent pour la Loire. Une goutte de tritium pur suffit à contaminer des milliards de litres d’eau. Aucune technologie n’est à ce jour capable de décontaminer une nappe phréatique. À la centrale de Cruas-Meysse (Ardèche), c’est le réseau sanitaire alimentant le site en eau de boisson qui est marqué par du tritium. L’activité fluctue à hauteur de 50 à 150Bq/l, ce qui témoigne d’une contamination des nappes sous-jacentes dont EDF dit ignorer la date ou la cause. Et il n’y a pas que le tritium. À Civaux, les analyses montrent depuis 1998 un marquage du milieu aquatique par du cobalt 58 et 60, de l’argent 110m, et du manganèse 54. Quelques exemples de radioéléments relâchés par la centrale dans l’environnement
Activité annuelles des effluents liquides radioactifs rejetés en 2004
20 juillet 2005, Stop Civaux
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