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Enquête Publique de Civaux.
26 octobre 2008 - Enquête Publique de Civaux.
La centrale de Civaux soumet à enquête publique un dossier ayant pour
objectif le renouvellement des arrêtés l'autorisant à prélever l'eau
de la Vienne et à rejeter des effluents radioactifs et chimiques dans
l'air et dans l'eau.
Cette enquête est ouverte jusqu'à la mi-novembre. Chacun peut
s'exprimer dans les cahiers mis à disposition du public à la
Préfecture de Poitiers, à la Sous-Préfecture de Montmorillon, dans les
mairies des communes environnant Civaux et bordant la Vienne jusqu'à
Chinon.
Les enjeux sont grands ; en effet, cette-fois-ci, les autorisations
qui seraient accordées, le seraient à titre définitif,et, pour le plus
visible, une augmentation conséquente des rejets de tritium et des
prélèvements d'eau est clairement annoncée.
Nous invitons donc le plus grand nombre à s'exprimer sur les cahiers
d'enquête et lors de la réunion publique qui aura lieu
à la salle des fêtes de Civaux le jeudi 6 novembre à 18h30
Une première lecture du dossier fait apparaître que :
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L'exploitant fait valoir une baisse des limites de certaines
autorisations demandées. Mais cette concession "vertueuse" ne doit pas
occulter le fait que les rejets réels eux, ne vont pas baisser pour
autant. Pour certains, ils vont même être considérablement augmentés.
C'est le cas du tritium -entre autres radioéléments et polluants
chimiques- dont les rejets liquides s'effectuent massivement dans la
Vienne, unique source d'approvisionnement en eau de consommation pour
des dizaines de milliers de personnes !
En aucun cas, la productivité ne doit primer sur la santé.
-
La production de tritium déjà importante, va être augmentée à cause
d'un nouveau mode de gestion du combustible(1) par lequel l'exploitant
vise une plus grande rentabilité. Ne pouvant être jugulé, le tritium
est banalisé. On met en avant sa soit-disant innocuité : l'hydrogène,
c'est bien connu, est naturel..
Or les dernières études consacrées au tritium et aux effets des
faibles doses invitent à reconsidérer sa dangerosité et à réviser les
normes existantes. De ceci, il n'est pas question dans le dossier
d'enquête.
-
Pas question non plus des problèmes d'étanchéité des gaines de
combustible qui depuis plusieurs années sont responsables d'une hausse
des rejets gazeux et iodes radioactifs. A quelles contraintes
seraient-elles être soumises par le nouveau mode d'exploitation choisi
par la centrale ? Quelles autorisations peuvent être données en
l'absence de validation de leur intégrité ?
-
La consommation d'eau (3), déjà considérable et qui, depuis 2000 a
souvent dépassé les moyennes annuelles autorisées, devrait elle aussi
beaucoup augmenter.
La limite des prélèvements passerait de 107 à 120 voire 124 millions
de m3 par an, soit plus de 10%,
et EDF demande +30% environ pour les moyennes évaporées !
Concrètement, la centrale est aujourd'hui autorisée à évaporer
environ 36,2 millions de m3 par an. Or depuis 2002, elle a impunément
allègrement dépassé à plusieurs reprises les 40 millions par an,
atteignant même 47,8 pour 2004 ! Si les autorisations aujourd'hui
demandées sont accordées, ce sont 51 millions de m3 qui seront
soustraits à la rivière et autorisés à s'échapper en l'air chaque
année.
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Le relèvement de certaines limites et le désserrage tous azimuts
des contraintes d'exploitation demandés par EDF* n'équivalent-ils pas
tout simplement à mettre la loi en conformité avec des exigences
toujours croissantes de productivité, toujours plus coûteuses pour
l'environnement, le public et la sûreté .
On est loin de la recommandation selon laquelle les rejets des
centrales doivent être baissés au maximum.
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Aucune augmentation de rejet de produits dont on sait parfaitement
qu'ils sont mutagènes et cancérigènes ne doit accordée.
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Les moyens et modalités de contrôle échappent totalement au public,
il est inacceptable que les balises de mesure de la radioactivité de
l'air soient si souent tombée en panne à des moments
critiques. Inacceptable aussi que la mesure du débit de la Vienne ne
soit pas systématiquemnt vérifiée avant chaque rejet. Inacceptable
encore que l'eau de consommation à Châtellerault ne fasse pas
systématiquement l'objet de prélèvements pendant les périodes de
rejets.... Inacceptable toujours que des rejets puissent être
envisagés sur des plages jusque là interdites de débit de la Vienne
(en-dessous de 10m3 par seconde). Etc, etc....
A qui servent les enquêtes publiques antérieures si on augmente les
autorisations à chaque fois qu'EDF veut augmenter sa production ? Les
augmentations de puissance et aujourd'hui les augmentations de rejets
et de consommation envisagées ne tournent-elles pas en dérision les
fondements même des décisions prises précédemment ?
(1) voir Bulletin de Stop-Civaux n°80 (février 2007)
(2) voir Bulletin Stop-Civaux n°81 (juin 2007)
(3) voir supplément au bulletn 75-76 (juillet 2005)
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