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AG de la Commission locale d'information de la CLI Civaux, 4 mai 2010

AG de la Commission locale d'information de la CLI Civaux, 4 mai 2010

compte-rendu (non-officiel)

Elle avait pour thème : la sécurité des populations. Elle précède un exercice de crise nationale qui aura lieu le 17 juin.

Chaque volet a été suivi d'un débat.

  • accueil des participants par le Président de CLi (et P. du Conseil Général)
  • l'intervention du Préfet
  • la présentation de la journée
  • la mise en oeuvre de la DARPE (nouvelles normes concernant les rejets et l'eau)

1- Situations accidentelles

M. N. (CNPE) a présenté la gestion de crise et a détaillé deux exemples de situations accidentelles :

  • une fuite de liquide du circuit primaire dont la conséquence serait la perte de refroidissement du coeur, le 'dénoyage' du combustible et un début de fusion du coeur... (le scénario du 'Syndrome chinois')

    Il a commenté les transparents présentant le fonctionnement des systèmes de sécurité (injection de sécurité , aspersion d'enceinte, puisards, alimentation de secours des générateurs de vapeur et isolement de l'enceinte).

    Hormis l'accident Three-Mile Island aux Etats-Unis, qui n'a conduit qu'à 'quelques rejets' d'après lui, ce type de situation ne s'est jamais produit.

    (En fait, les conséquences sanitaires de Three-Mile Island et l'ampleur des rejets n'ont pas été divulguées publiquement et le rapport remis au Président Carter non plus.

    Quant aux précédents, je me demande si la France n'a pas connu un début de fusion sur une de ses centrales lors de grands froids où la prise d'eau dans la rivière avait été rendue inopérationnelle par le glace. Est-ce à St-Laurent-des-Eaux ? Allez voir sur le site d'Infonucléaire ; pour une description détaillée de ce qui s'est passé à TMI aussi).

  • une rupture d'un tube de générateur de vapeur (GV), qui mettrait en communication l'eau des circuit primaire et secondaire, et occasionnerait une hausse de pression sollicitant les soupes et occasionnant des rejets dans l'atmosphère .

    Les contre-mesures sont présentées. C'est un événement plus plausible que le premier et qui explique les contrôles systématiques aux arrêts de tranche.

Chaque exposé est suivi d'un court débat. Sollicité, M. N. fait état d'autres accidents envisageables.

Il tempère le risque en disant qu'il existe un retour d'expérience mondial (c'est-à-dire que les incidents qui se produisent sur des centrales dans le monde entier sont examinés) et que tous les agents de conduite passent annuellement deux ou trois semaines sur le simulateur pour se préparer à la survenue de tels incidents.

Quant à une fuite ayant pour origine la cuve, un représentant de l'ASN (Autorité de Sûreté) précise que l'état de la cuve est suivi avec soin et que, pour les deux tranches, elle subira une épreuve hydraulique (test où elle est soumise à une pression de 20% supérieure à la pression normale en fonctionnement) lors des deux arrêts décennaux qui auront lieu à Civaux en 2011 et 2012 et devraient donner lieu au renouvellement d'autorisation de fonctionner, pour les dix ans qui suivront.

2- Exposition radiologique des populations

M. N. rappelle succinctement ce que sont l'exposition externe et la contamination interne et les mesures de protection qui seraient prises en cas de relâchement de radioactivité à l'extérieur :

  • mise à l'abri (on ne parle plus de confinement) si la dose prévisible au corps entier est de 10mSv, et il relativise/banalise en ajoutant que c'est la dose reçue lors d'un scanner de l'abdomen (il y a beaucoup à dire sur ce type de comparaison).

    Consignes pour la mise à l'abri : couper si possible les ventilations, fermer portes et fenêtres, s'informer en écoutant France Bleu locale et la télévision (France 3 régions).

  • prise d'iode si la dose prévisible à la thyroïde est de 50mSv (NB : l'iode a été distribuée dans un rayon de 10km autour de Civaux. (En cas d'accident, le nuage d'effluents radioactifs ne s'en tiendrait probablement pas à ce découpage, le périmètre étant dépassé en 10mn avec un vent très banal de 60km/h !)

    L'efficacité de la prise d'iode varie avec le temps qui la sépare de l'exposition. Destinée à saturer la thyroïde en iode, elle est efficace à 100% 2h avant,80% 2 h après, 50% 6h après et 7% 24h après.

  • (Il est 'intéressant' de voir qu'il faudrait que la Préfecture donne la consigne de prise d'iode deux heures avant le relargage de radioactivité dans l'air pour être à 100% d'efficacité.

    Il est peu probable que cela se produise : vue la vitesse à laquelle la Préfecture a été mise au fait de la fuite de liquide primaire sur le RRA en 1998, vue la nécessité probable d'envoyer quelqu'un pour intervenir dans le bâtiment réacteur, il y aurait sûrement relâchement de gaz avant que la consigne soit donnée, voire que les autorités soient prévenues) ;

  • évacuation de la population si la dose prévisible corps entier est de 50mSv

3- Exercice de crise du 17 juin

Mme F., directrice de cabinet du préfet, présente l'exercice qui aura lieu entre 8h et 17h.

(Ce type d'exercice a lieu tous les trois ans ; le dernier a eu lieu en mars 2006)

Pour celui du 17 juin, des groupes de travail se sont déjà réunis.

Ce sera un exercice de grande ampleur comptant environ 300 personnes et destiné à anticiper les capacités de réaction et tester la remontée des informations. Il y aura un poste de commandement (COD) à la préfecture et un poste de communication à Chauvigny.

Le scénario de l'incident n'est pas connu à l'avance.

La gestion de la communication sera confiée à un cabinet privé qui jouera le rôle de la 'pression médiatique' (Et à l'élaboration des communiqués officiels ?).

A ce sujet il est indispensable qu'il y ait un discours commun. Les journalistes, les vrais, seront pris en charge à Chauvigny.

Il s'agit d'un exercice où tout n'est pas testé. Certains objectifs prioritaires seulement le sont.

L'évacuation de la population est éliminée pour se consacrer au travail sur le volet post-accidentel.

A la fin de l'exercice, il y aura un debriefing à chaud, cadré ; il sera suivi d'un debriefing à froid en septembre.

L'exercice recevra l'aide de la défense et de la sécurité civile, et bien sûr de l'ASN, de l'IRSN, des services de l'Etat, des pompiers, d'experts en santé...

Le jeudi 6 mai : réunion des personnes qui seront présentes dans les postes COD et PCO.

Le 20 mai à 10h, il y aura une réunion où tous seront invités pour que la population sache qu'il s'agit bien d'un exercice.

4- Signature de la Convention passée entre la CLI et EDF

Le représentant de la CLI et le Directeur du CNPE signent un document concernant les obligations mutuelles de ces parties en matière d'obtention et de diffusion de l'information.

5- Bilan des activités du CNPE depuis la dernière CLI

- Arrêt de la tranche 1 le 17 avril. L'arrêt pour rechargement a été anticipé de trois mois en raison des signes de faiblesse donnés par un transfo, surveillé de près depuis un mois. (C'est un événement lourd et récurrent) EDF doit changer ses transfos et changer de fabricant. Celui-ci devait être remplacé cet été lors de l'arrêt de tranche programmé mais comme le réacteur devait fonctionner à puissance réduite depuis quelques semaines, le choix a été fait d'avancer la maintenance et de changer la partie défaillante en même temps.

- Présentation du plan sûreté 2010 et ses priorités (réduction des écarts, et des 'non-respect' des spécifications techniques, qualité de la main d'oeuvre et formation.

Il y a eu en effet beaucoup d'écarts et un manque de rigueur dans le suivi des consignes d'exploitation: 7 événements concernant la sûreté ont eu lieu en 2009, et 8 déjà depuis le début de 2010 - dont 4 durant l'arrêt qui vient de commencer (ils sont liés, d'après les infos reçues, aux transitoires, c'est-à-dire aux changements d'état précédant l'arrêt. Il s'agit de sorties de domaines -de montées en pression- surtout)

- Enfin, (après le marteau qui traînait dans un circuit de refroidissement, le disque en caoutchouc oublié après l'obturation d'une vanne, des corps migrants -bouts de grille et objets divers- dans la cuve du réacteur) on vient de découvrir (le 27 avril) au cours de l'arrêt des morceaux métalliques d'un oxygène-mètre dans un générateur de vapeur. Probablement perdu lors d'une intervention, il aurait en partie fondu et impose bien sûr la nécessité de contrôler les tubes du GV, et de nettoyer, une intervention chiffrée à 400 000 euros. (Le coût de l'arrêt de tranche est estimé, lui, à 5 millions d'euros).

- L'arrêt de la tranche 2 aura lieu à partir du 16 octobre et est prévu pour durer 34 ou 32 jours . Un pôle du transformateur de la tr 2 sera changé là aussi.

- Des visites sont prévues (EGS, Iso 14001 et une visite de soutien technique WANO sur le thème des corps étrangers ou migrants, véritables risques pour la sûreté)

6- COmité DIRecteur pour le Post Accidentel (CODIRPA)

La représentante de la Préfecture présente donc cet organe (CODIRPA) qui travaille sur la gestion 'post-accidentelle' : suivi sanitaire, évacuation ou non, zonage, dosimétrie, (=viabilité du territoire) après la phase accidentelle, accueil, information et implication du public.....Le plan local de sortie de la phase d'urgence doit être opérationnel dès la fin du PPI. Il devrait être finalisé dans un an pour Civaux.

En plus des groupes de travail sous l'autorité de l'ASN, trois préfectures ont été retenues pour travailler sur différents volets. Celle de la Vienne se consacre au suivi sanitaire de la population, à la gestion du milieu agricole et au nettoyage du bâti.

Deux réunions ont déjà eu lieu. Une autre est prévu le 3 juin. Exemples de leur travail : recenser les populations dans le rayon du PPI, ainsi que les exploitations agricoles et les industries alimentaires ; il faut élaborer un guide des bonnes pratiques en phase post-accidentelle et rédiger les messages, former les professionnels, informer les exploitations agricoles et les centres d'accueil.

Si les doses reçues (corps entier, thyroïde) nécessitant la mise à l'abri ou l'évacution sont connues, les seuils d'exposition retenus pour définir des zones d'exclusion et d'évacuation n'ont pas l'air de l'être. Personne ne sait vraiment. Ces limites ne seraient pas 'figées', pas 'calées' définitivement.

Il est suggéré de mettre à l'ordre du jour de la prochaine AG de la CLI (octobre), la venue d'une personne qui participe au CODIRPA et pourrait brosser un tableau de ce qui se fait dans les commissions et donner les précisions attendues.

Le représentant de l'ASN ajoute qu'on pourrait aussi mettre à l'ordre du jour la présentation du retour d'expérience obtenu avec l'exercice du 17 juin

Une question est posée sur ce qu'on entend par l'expression 'scénario d'accident aggravé' qui ne semble pas connue de l'exploitant d'après qui, étant donné nos types de réacteurs, les scénarios d'accident se situeraient entre 3 et 5 sur l'échelle INES de gravité, 5 correspondant à l'accident de Three-Mile Island).

7- Le bilan 2009-2010 de l'Autorité de Sûreté est présenté par Mme D.(ASN)

L'ASN présente une évaluation des incidents et de leur gestion, de leur évolution par rapport aux années passées aux autres centrales. Elle fait état de sa présence sur le site et de la nature de ses inspections . Ses transparents portent ses observations positives et négatives .

Nous avons retenu parmi les problèmes relevés par l'ASN :

- que le problème de l'étanchéité des gaines de combustible se pose toujours : jusque là limité au réacteur n°1, il concerne depuis le dernier arrêt le réacteur 2 (avec ce que cela comporte en matière de rejets gazeux, d'exposition et de risques pour la sûreté).

- qu'à un déchargement, il y a eu un problème d'arrachage de grille ce qui a ajouté un corps migrant dans le réacteur,

- qu'un autre problème de corps migrant (expliqué par le directeur du CNPE) est imputable au manque de suivi des activités sous-traitées par AREVA : une douille déposée par un de ses prestataires n'a pas été remise ou fixée correctement,

- des problèmes concernant le calcul de débit de fuite,

- des sorties de domaine et le non-respect des règles d'exploitation qui peut être lié à des problèmes d'organisation des équipes de conduites qu'EDF tente de résoudre

- un manque de rigueur de la maintenance qui entraîne EDF à mieux encadrer les primo-intervenants et à discuter les interventions et leur contrôle préalablement au travail,

- les pannes trop fréquentes de retransmission des balises KRS chargées de mesurer la radioactivité dans l'environnement. Le problème serait en passe d'être résolu après réparations et travaux sur les modems et la connectique . (Au bout de 10 ans, « il serait temps » ...)


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