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Communiqué de Stop-Civaux

CIVAUX : Ah qu'il est laid le débit de l'eau, (comme dirait Charles Trenet),



Stop-Civaux s'indigne de la "désinvolture" (et c'est un euphémisme) qui accompagne les rejets radioactifs de la centrale Civaux et tient à le faire savoir.

Les faits :

A quelques semaines d'intervalle, alors que la centrale effectuait des rejets radioactifs, des appareils de mesure sont restés, comme par hasard, indisponibles.

- Le 25 mai, la centrale relève " une indisponibilité des mesures de contrôle " et précise que " dès la découverte de l'indisponibilité, le rejet a été arrêté ". On ne sait pas de quels effluents il s'agit, ni quelle était leur activité, ni pendant combien de temps les rejets ont été effectués sans contrôle, ni si l'anomalie n'a été découverte qu'une fois le rejet fini.... Le public est simplement prié de bien vouloir croire qu'il n'y aurait pas eu dépassement des seuils fixés par arrêté.

- Le 3 juillet on apprend par la presse, que des rejets ont eu lieu les jours précédents. Cette fois c'était les capteurs de débit de la Vienne qui indiquaient 27m3/seconde (limite en-dessous de laquelle la centrale n'a plus le droit de rejeter des effluents radioactifs), alors que le débit de la rivière était en réalité inférieur (21,3m3/s) au moment de l'opération. Les rejets n'auraient donc pas dû avoir lieu.

Le CNPE a une de fois de plus franchi la ligne jaune, en toute innocence, la faute incombant à des appareils de contrôle mal étalonnés. Une fois encore, le public est prié de croire qu'il n'y a " pas eu de conséquences sur l'environnement ". C'est beaucoup demander lorsque le contrôleur s'auto-contrôle (avec, en plus, des appareils opportunément défaillants !)

Faut-il croire au hasard ?

- L'an passé en avril, à cause d'un défaut d'étalonnage, l'appareil de mesure de l'activité en tritium des rejets, dans des circonstances très semblables à celles d'aujourd'hui, sous-estimait d'un tiers l'activité de ces rejets (44Bq/l au lieu de 130). Or l'incident avait été connu grâce à une visite inopinée des inspecteurs de la Sûreté nucléaire. Que se passe-t-il en l'absence de témoins ? Rend-on publics les " malaises " des appareils de mesure si personne n'est là pour constater les anomalies ? Comment avoir confiance dans les assurances données par le CNPE, alors que les incidents de même type se renouvellent avec insistance ?

Quelle importance et pourquoi s'insurger ?

Ces incidents déclarés sans fanfare, nous paraîssent très symptomatiques de la façon dont fonctionne le nucléaire et ils mettent en évidence quelques problèmes qui ne sont pas seulement liés à Civaux. En quelques remarques :

- Un problème insoluble : le dimensionnement des installations :Dès que la centrale de Civaux a existé à l'état de projet, son dimensionnement par rapport aux capacités de refroidissement et de dilution de la rivière Vienne a fait problème. EDF a donc revu sa copie réduisant à deux le nombre de réacteurs initialement prévus, en augmentant la puissance. Mais le problème est resté entier.

- L'année passée particulièrement sévère a montré qu'il était impossible de faire fonctionner simultanément les deux réacteurs en été, et qu'un soutien d'étiage était nécessaire même pour un seul réacteur.

- Le prélèvement d'eau (consommation/évaporation) n'est pas la seule difficulté : un débit suffisant pour la dilution des rejets est crucial, la centrale ne pouvant pas stocker indéfiniment ses effluents. Il est en effet impossible de procéder à des rejets en dessous de 27m3/s. Or cette année l'été est en avance, les débits sont déjà inférieurs à la limite et vont considérablement baisser comme tous les étés. Pourtant la centrale doit vidanger ses bâches pour pouvoir continuer de fonctionner et avoir une réserve de rétention suffisante en cas de pépin. D'où peut-être la hâte de s'en débarrasser ?

- Des rejets radioactifs en quantités inédites : On constate pour la première fois en janvier et en avril de cette année que la quantité de tritium liquide mensuelle rejetée a dépassé les 6000 GigaBecquerels. Même chose pour le mois d'avril. Or jamais à Civaux de tels chiffres n'avaient été atteints. A cela deux raisons ;

- Les deux réacteurs ont fonctionné cet hiver pour la première fois simultanément et à pleine puissance, dépassant souvent leur capacité nominale de 1450Mwe (ce que nous estimons d'ailleurs aussi être un dépassement abusif !)

- Comparé aux centrales de type antérieur, il s'avère que le palier N4 produit une quantité de rejets liquides très supérieure en tritium aux autres centrales. Ce tritium qui est rejeté en Vienne doit être dilué et doit poser des problèmes inédits, voire imprévus, à l'exploitant .

- Quelle qualité d'eau pour le consommateur ? Nous sommes surtout soucieux devant ces rejets, car sur son trajet la Vienne sert à recharger des nappes phréatiques et alimente des agglomérations en eau censée être potable ! La population de Châtellerault n'a d'autre source d'approvisionnement que la rivière. Malgré une station de traitement ultra-moderne, nous doutons que la radioactivité de l'eau soit mesurée par une entité indépendante d'EDF . C'est pourquoi nous suggérons que le CNPE prévienne la municipalité des dates de ses rejets et que l'expérience soit faite de mesurer la teneur en radioéléments de l'eau qui arrive à Châtellerault lors de ces périodes.

- Une CLI à l'image des appareils de contrôle : Enfin, lors du dernier incident , le CNPE a pris soin de dire qu'il en avait avisé le président de la CLI (Commission Locale d'Information), or celui-ci n'a pas jugé bon d'avertir ni de réunir les membres de cette commission qui ne joue d'autre rôle que celui de chambre d'enregistrement. Pourtant, la vocation d'une telle commission est de veiller au grain et d'informer le public.

Nous chanterons donc pas les louanges du nucléaire comme le font dans la presse locale ses suppôts locaux, alors même que des rejets incontrôlés ont lieu !! Nous nous en tiendrons aux faits pour montrer que la ligne jaune est souvent franchie, et ce au détriment de la santé de la population. Les questions que tout le monde devrait se poser sont les suivantes :Quels seront à moyen terme les effets de la consommation d'eau de la Vienne ou le simple voisinage d'une centrale dont les appareils de mesure tombent en panne quand cela l'arrange ? Et comme Civaux n'est pas une exception, puisque la France compte 58 réacteurs nucléaires, quels seront les effets sur la population des rejets comptabilisés et surtout de ceux qui échappent à tout contrôle ? ? ? A ce sujet, le Groupe permanent des experts pour les réacteurs nucléaires dans son rapport de mai 2004, avec beaucoup d'indulgence, estime la valeur de l'activité rejetée imputable aux rejets incontrôlés "à un centième des rejets annuels réels effectués en application des autorisations de rejets." L'incident sur le tritium à Civaux en 2003 nous montre que c'est sans doute très loin de la vérité. Si tout était à l'aune de cet incident, les rejets réels seraient trois fois supérieurs aux rejets déclarés. Les anomalies récentes nous confortent dans nos doutes.

Ceci n'est qu'un des scandales de la production d'électricité nucléaire que nous entendons dénoncer.

3 juillet 2004, Stop Civaux

 


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