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Petite fugue en bémols majeurs



Grâce au bulletin d'information de la DSIN consultable sur Minitel (3614MAGNUC), le bilan mensuel de la radioactivité rejetée par la centrale peut être consulté, avec toutefois un mois de retard.

Par ce biais, on a pu constater que les résultats de l'activité rejetée dans l'eau de la Vienne pour le mois de juin faisaient apparaître, par rapport au mois de mai, une augmentation dite "sensible, mais maîtrisée" par l'Autorité de sûreté (de 27MBq à 260MBq hors tritium). La centrale de Civaux était à l'arrêt. Ceci ne l'empêche pas de polluer.

Le 18 septembre - soit 3 mois et demi plus tard - une explication un peu compliquée a enfin été fournie par la DSIN qui a considéré le rejet responsable de cette élévation comme un incident "significatif" bien que n'ayant pas eu de conséquence pour l'environnement, et l'a classé au niveau 0 de l'échelle INES. Pour EDF il ne s'agit que d'un "écart".

Que s'est-il donc passé ? À quoi le riverain de la Vienne doit-il s'en tenir ? Officiellement, aucun rejet lié à la fuite n'avait eu lieu, et les 280 m3 d'eau contaminée étaient retenus dans des réservoirs de stockage avant retraitement et en attendant des débits suffisants de la Vienne pour être rejetés.

Pour l'explication, nous citerons la DSIN : "Le 14 mai 1998, une mesure erronée de l'activité des effluents rejetés lors de l'incident a conduit à sous-estimer celle-ci et à en transférer 80m3 dans un réservoir sans traitement spécifique ; la mesure ultérieure de la radioactivité du contenu total de ce réservoir a amené l'exploitant à ne pas engager le rejet, mais à passer à nouveau l'intégralité du réservoir en retraitement afin d'en réduire l'activité.

Début juin, le volume de la partie commune des circuits de remplissage de deux réservoirs voisins, dont l'un contenait les effluents produits le 12 mai, a été mélangé au contenu d'un réservoir prêt à être rejeté." Après contrôles adéquats ceci fut fait les 6, 7 et 8 juin.

Bien que les débits de la Vienne à ces dates (entre 65 et 40m3/s) aient permis ces rejets, Stop-Civaux a vivement réagi par un communiqué de presse, pour les raisons suivantes:

- La vérité n'est décidément pas à l'ordre du jour, ou du moins, la communication se fait systématiquement avec de gros bémols. En effet, ce délestage a précédé une Commission locale d'Information (le 19 juin) et une conférence de presse qui s'est tenue à la Préfecture le 25 juin. Or, à aucune de ces occasions il n'a été reconnu de rejets liés à l'accident du 12 mai.

- Il devient légitime de se poser des questions à partir du moment où les mesures sous-estiment l'activité des effluents.

- Le problème de la fiabilité de ces mesures est également posé : N'y-en-a-t-il donc qu'une seule, et faite sur un prélèvement de l'exploitant?

- Le public est concerné au premier chef et a le droit de savoir car la Vienne alimente en eau potable une partie non négligeable de la population.

- Enfin, nous critiquons à nouveau l'existence d'un niveau 0 de l'échelle INES, qui sert à endormir les craintes du public et qui permet par un artifice de communication de faire croire qu'il ne s'est rien passé alors que l'incident est par ailleurs considéré comme "significatif".

- Nous demandons que l'incident soit reclassé en raison du manque de transparence et que soit revue la méthode de contrôle de l'activité des effluents.

Du pain sur la planche à dessin

Après le déchargement du réacteur 1 consécutif à l'incident du 12 mai, le circuit de refroidissement dit "fautif" à été revu par EDF et le fabricant, Framatome. Il serait en cours de remontage avec un nouveau "design" qui devrait éviter que le mélange eau chaude / eau froide ne se fasse au niveau d'un coude et qui rallonge la distance entre les deux arrivées. Mais seules des parties ont, semble-t-il, été remontées. L'intégralité du circuit a-t-elle été vérifiée ?

Le problème de la fissuration étant apparemment connu depuis longtemps, nous ne comprenons pas qu'il n'ait pas été pris en compte. La technologie nucléaire qui se veut d'avant-garde a quelque chose de délicieusement empirique puisque c'est l'incident qui sert d'expérience et permet de découvrir les erreurs. Ainsi, il a fallu Tchernobyl pour qu'on commence à admettre (bien longtemps après) que même avec enceinte, ça peut péter.

Framatome traverse une époque difficile, puisque les 6000 employés de son activité nucléaire sont confrontés au rétrécissement brutal, voire à la disparition du marché. En attendant, le vieillissement du parc nucléaire, et les défauts génériques comme les fissurations qui affectent les couvercles de cuves, les générateurs de vapeur et maintenant même les circuits de refroidissement neufs, lui remettent un peu de pain sur la planche.

octobre 1998, Stop Civaux

 


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