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Incident grave à la centrale de Civaux



Ironie du sort, la centrale de Civaux, présentée comme la plus puissante et la plus sûre du monde vient de connaître une défaillance grave alors même que le réacteur no 1 était à l'arrêt. L'incident, une fuite d'eau sur un circuit de refroidissement à l'arrêt, survenue dans la nuit du 12 au 13 mai dernier, n'a pas encore trouvé sa conclusion. Depuis un mois maintenant, il n'a pas été possible de décharger le combustible, c'est à dire de procéder à l'arrêt total du réacteur. Cette opération qui nécessite un changement d'état du coeur, n'est pas sans risques. On peut donc considérer qu'à ce jour, l'incident n'est pas clos.

Bouffées de vapeur et sueurs froides

Un premier point sur le déroument de l'incident a été fait le 22 mai. Voici un complément d'information.

Depuis, le tronçon responsable de la fuite a été déposé. Après examen, il s'est avéré que des fissures affectaient une des extrémités de la tuyauterie restant en place.

Celles-ci seraient dues à des chocs thermiques liés à la trop grande proximité de deux arrivées d'eau, l'une très chaude et l'autre froide. En fait, c'est la conception même du circuit qui est en cause.

Malgré cette fatigue prématurée de la canalisation, il a été décidé qu'un coude neuf serait remonté à la place du coude défectueux, par précaution, afin d'avoir une redondance du circuit RRA pour procéder au déchargement du combustible, condition nécessaire à l'examen de l'ensemble du système de refroidissement à l'arrêt.

Les soudures de ce nouveau coude viennent d'être vérifiées (6/7 juin). Et après une mise sous pression hydraulique du nouveau tronçon pour tester sa résistance, le déchargement du combustible pourra être envisagé. N'oublions pas que ceci nécessite une remontée en pression et un changement d'état du coeur qui rendent l'opération particulièrement délicate.

Il convient de noter que l'incident s'est produit il y a un mois et que le coeur n'est toujours pas neutralisé. On est loin des 2 secondes 15 dixièmes annoncées aux visiteurs comme temps nécessaire à l'arrêt du réacteur !

Les exploitants seront sans doute soulagés quand le coeur sera déchargé. La population ne le sera vraiment que lorsque cette centrale, qui cumule toutes les vulnérabilités, sera définitivement arrêtée.

Au vu des difficultés rencontrées pour venir à bout du problème sur un réacteur à l'arrêt, on peut imaginer sans peine ce qui risquerait d'arriver si un incident de même type se produisait lors d'une montée en puissance à 100%, initialement prévue pour juillet.

Non, la population n'est pas protégée

L'affaire dans l'affaire, c'est que pendant la nuit du 12 au 13 mai, le Plan d'Urgence Interne (PUI) n'a pas été déclaré comme il aurait dû l'être aux termes de l'arrêté préfectoral du 25 novembre 97 qui fait obligation à EDF d'alerter la Préfecture, la Sous-Préfecture, les gendarmes, la DRIRE Poitou-Charentes et sa Division Nucléaire à Bordeaux, en cas d'incident supérieur au niveau zéro, touchant notamment le circuit primaire.

En l'occurence, le Préfet, responsable de la mise en route du Plan Particulier d'Intervention (PPI) n'était donc pas en mesure de juger de l'opportunité d'un plan d'évacuation si tel avait été le besoin, ou bien de prescrire la prise de la miraculeuse pillule d'iode ! Cet oubli fâcheux concernant aussi les responsables de la sûreté nucléaire prévenus à 7h30 le lendemain matin.

EDF a pu faire sa petite cuisine en interne, sans que personne ne puisse vérifier sa manière de gérer la situation ou s'il y avait rejets liquides ou gazeux, volontaires ou accidentels dans l'environnement.

Quels que soient les mobiles de cet oubli (fortuit, panique, impact négatif sur la confiance de la population, mauvaise image du nucléaire qui veut s'exporter ou image professionnelle des exploitants) nous demandons comment la Préfecture et les autorités de contrôle vont réagir vis-à-vis de ce non respect de l'arrêté préfectorale et de la procédure.

La sourde oreille

Le président de la Commission Locale d'Information de Civaux, prévenu en, priorité dans la matinée du 13 mai, n'a pas jugé bon d'informer immédiatement les maires des communes concernées et donc pas la population. Une CLI aura lieu le 17 juin, soit plus d'un mois après le début de l'incident. Mais à quoi sert une CLI si elle n'informe pas dans des délais plus brefs ?

Si vous appelez EDF, sachez que le service de communication est au point mais pas d'une fiabilité à toute épreuve. À la question "Allez-vous décharger le réacteur ?", nous nous sommes entendus répondre qu'il n'en était pas question alors que la mesure était annoncée lors de la conférence de presse le jour même.

Même à l'arrêt

Cet incident s'est produit alors que le réacteur était arrêté depuis 5 jours. La réponse systématique qui nous est faite lorsque nous soulevons un problème (étiage sévère, amibes, etc... ) c'est qu'il n'y a pas de problème car il suffira d'arrêter le réacteur. La preuve est faite que des incidents sérieux peuvent survenir à l'arrêt.

10 juin 1998, Stop Civaux

 


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