De la fiction à la réalité

Le 9 décembre dernier, sous les toits de la préfecture de Poitiers, une cellule de crise est en place. Il y a une fuite à la centrale nucléaire de Civaux ! Le scénario fiction a rejoint la réalité près de six mois plus tard. Certes, il n'y a pas eu de rejet de vapeur radioactive à l'extérieur, mais l'incident du mardi 12 mai dernier est tout aussi inquiétant. Peut-être même plus sérieux encore.

Les experts n'ont pas encore trouvé d'explication valable à la fissure décelée dans un coude en acier inoxydable de la tuyauterie du circuit de refroidissement du réacteur no 1.

Comment du matériel tout neuf a pu, après quelques mois de fonctionnement seulement et moultes vérifications, montrer une telle défaillance ?

Imaginons un instant le pire : que les deux circuits de refroidissement aient connus des faiblesses l'un après l'autre. Nous ne parlerions plus aujourd'hui d'incident, mais d'accident. C'est pourquoi on peut légitimement s'étonner que le préfet de région n'ait pas été prévenu dès la découverte de l'incident, le mardi à 20 heures, mais seulement le mercredi matin. " La situation ne justifiait pas cet appel. Elle était maîtrisée dès le départ", répond un ingénieur d'astreinte la nuit de la fuite.

Si EDF joue, de son côté, la carte de l'assurance, les spécialistes de la direction de la sûreté des installations nucléaires (DSIN) sont, depuis le début de l'affaire, plus circonspects. La preuve en est : le classement de la fuite de Civaux en niveau 1 de l'échelle internationale des incidents nucléaires (qui en compte 7) par EDF et son reclassement en niveau 2 par la DSIN.

Tout cela laisse un sentiment de malaise et constitue un bien mauvais démarrage pour une centrale dont les opposants ont toujours dénoncé l'inutilité : une centrale superflue dans un lieu inadapté, dont le seul bénéfice se mesure en espèces sonnantes et trébuchantes. Les élus attendaient des retombées plus financières que nucléaires.

LA REDACTION

 

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