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Nuit d'angoisse nucléaire à Civaux

Mardi soir, une fuite d'eau radioactive a mis en alerte la centrale

source : Libération, 25 mai 1998

Que s'est-il exactement passé dans la nuit de mardi à mercredi à la centrale nucléaire de Civaux (Vinenne) ? Une brèche dans une canalisation du circuit de refroidissement de ce réacteur "nouvelle génération" a donné des sueurs froides à tous les responsables de la sûreté. Selon un document interne à EDF, dont Libération a eu connaissance, ils ont -- entre 19h45 et 5h20 du matin -- véritablement pataugé, incapables de localiser l'origine de la fuite, puis de la colmater. Éprouvant enfin de grandes difficultés à stabiliser l'ensemble de l'installation. "C'est un incident technique grave. Il révèle un défaut de fabrication sur une pièce de métallurgie stratégique et une défaillance des contrôles de qualité", juge le physicien Raymond Sené, membre du Conseil supérieur de sûreté et d'information nucléaire (CSSIN).

Pendant plusieurs heures, les responsables de Civaux, situé à 35 kilomètres au sud-est de Poitiers, ont vécu sous la menace de la contamination totale de leur bâtiment réacteur par un nuage de vapeur d'eau contaminée. Les 230 m3 d'eau radioactive échappés ont été, selon le directeur de la sûreté nucléaire (DSIN), entièrement récupérés dans le puisard du réacteur. L'incident n'a donc eu aucune conséquence sur l'environnement. Hier, il a été classé par la DSIN au niveau 2 de l'échelle internationale des événements nucléaires, qui en comprend 7. Il s'agit sans conteste d'un incident sérieux.

19h45, Mardi. Surprise dans la salle de commande du réacteur numéro 1 de la centrale. Les cadrans indiquent une baisse rapide de la pression de l'eau qui baigne le coeur du réacteur. Flambant neuf, le dernier-né de la technologie française Framatome a démarré au mois de décembre et n'a fonctionné qu'à 50% de sa puissance. Depuis le 7 mai, il est en "arrêt" pour des essais techniques prévus lors d'une phase de rodage. Dans la cuve du réacteur, le combustible palpite encore. La pression de l'eau est descendue de 150 bars à 28 bars et la température de 350° à 185°C. Pour évacuer la chaleur résiduelle "un circuit de refroidissement à l'arrêt du réacteur" (RRA) est connecté au circuit de refroidissement principal qui ne sert que lorsque le réacteur fonctionne. La fuite a eu lieu sur un coude. Mais lequel ?

1 heure, Mercredi. Les alarmes à incendie sont déclenchées par des jets de vapeur dans le batiment réacteur. Elles fournissent un premier indice.

3h20. Un geyser de 20 mèrtes de haut jaillit de la brèche qui s'ouvre de plus en plus. 18 cm de long sur 2,5 cm de large. La protection calorifugée qui enveloppe la canalisation vole. L'eau très radioactive s'échappe à un débit de plus de 42 m3 par heure. La différence de température entre le tuyau et l'atmosphère du bâtiment la transforme instantanément en vapeur bouillante et contaminée. Qui s'infiltre partout. Impossible donc d'envoyer quelqu'un pour localiser l'origine de la fuite ou couper la vane manuelle. La centrale "bipe" les ingénieurs d'astreinte. Par téléphone, les experts d'EDF à Saint-Denis, en région parisienne, suivent l'évolution en temps réel. Tous hésitent à basculer sur le circuit de refroidissement de secours qui doublonne avec le premier. Lequel des deux fuit ?

5h45. La température et la pression ont baissé. Dépêchés sur le site, une douzaine d'agents habillés en "shadocks" localisent la brèche et procèdent à une réparation d'urgence. Même si les autorités assurent après coup que les ouvriers n'ont pas reçus de fortes doses, ces agents sont cependants exposés à des radiations importantes : même en trois petits mois de fonctionnement, le réacteur a eu le temps de générer un paquet de radioactivité, tout naturellement passée dans l'eau de refroidissement.

À présent, le débit de fuite redescend à 6 m3/h. Au total près de 10% des 3000 m3 stockés dans le bâtiment réacteur se sont échappés. "Il n'y a eu aucun problème de sûreté, à aucun moment. Mais ce n'est pas un incident bénin, ni banal", explique Yves Corre, directeur délégué au parc nucléaire d'EDF.

Pour lui, le coupable serait un coude de tuyau fabriqué par Framatome : du métal roulé et (mal) soudé. "On va radiographier cette pièce pour vérifier s'il s'agit d'un défaut de fabrication ponctuel ou plus générique", précise Yves Corre.

8 heures.. Les experts de l'Institut de protection nucléaire (IPSN) se réunissent au centre technique de crise à Fontenay-aux-Roses. Ils demandent à EDF de relancer la machine dans la nuit du 14 au 15 mai pour débrancher les deux circuits de refroidissement "à l'arrêt". De quoi examiner les deux coudes incriminés et réparer le fautif. Reste à savoir si toutes les vérifications nécessaires sur cette montagne de tuyaux flambants neufs seront effectués.


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